Culture Sergio Leone, cinéaste "expérimental et populaire", célébré à la Cinémathèque © AFP/ALAIN JOCARD Longtemps boudé par la critique de son vivant, le réalisateur italien du "Bon, la brute et le truand" et de "Il était une fois en Amérique", Sergio Leone, est à l'honneur à la Cinémathèque française, qui lui consacre une grande exposition à partir de mercredi. Présentée à Paris jusqu'au 27 janvier, avant Rome, l'exposition "Il était une fois Sergio Leone" rassemble des extraits de films, photos, scénarios, maquettes de décors, dessins, costumes - dont le célèbre poncho de Clint Eastwood dans la "trilogie du dollar" - ou objets ayant appartenu à ce cinéaste "à la fois expérimental et populaire", selon le directeur de la Cinémathèque française Frédéric Bonnaud. Considéré comme le père du western spaghetti, Sergio Leone "est le +Et+ entre deux adjectifs qui ont l'air opposés, c'est l'oxymore permanent, c'est un cinéaste du trivial et en même temps de la majesté lyrique", a-t-il poursuivi, lors d'une conférence de presse. Le réalisateur italien, décédé en 1989, a "cette incroyable capacité à mettre ensemble des opposés. La richesse de son cinéma vient de là ", a renchéri le commissaire de l'exposition Gian Luca Farinelli, directeur de la Cinémathèque de Bologne, pour qui Sergio Leone est "le premier metteur en scène post-moderne". L'exposition commence par l'enfance et la jeunesse du cinéaste, fils du réalisateur italien Roberto Roberti Vincenzo Leone de son vrai nom et de l'actrice Bice Waleran Edvige Valcarenghi, et revient aux sources d'inspiration de cet homme de culture, dont l'oeuvre est influencée par les films de John Ford mais aussi de Charlie Chaplin ou Akira Kurosawa, par le théâtre de Goldoni, les personnages de Cervantes et Homère, par la peinture de Degas, Hopper ou De Chirico. Elle montre ensuite comment Sergio Leone a transformé les codes du western à travers une révolution à la fois narrative, visuelle et sonore. Elle décortique le processus de fabrication de ses oeuvres, de "Pour une poignée de dollars" 1964 à "Il était une fois en Amérique" 1984, sans oublier de consacrer une salle au célèbre compositeur des musiques de ses films, Ennio Morricone. S'il n'a "jamais eu de consécration internationale" de son vivant, Sergio Leone, "l'un des cinéastes les plus aimés par le public d'hier et d'aujourd'hui" et "vénéré" par des réalisateurs contemporains tels que Martin Scorsese et Quentin Tarantino, "nous a laissé un héritage créatif dont on commence seulement à comprendre la portée", estime Gian Luca Farinelli. L'exposition sera accompagnée par une rétrospective de son oeuvre, ainsi que par une masterclass d'Ennio Morricone le 22 novembre, la veille d'un concert à Bercy. 08/10/2018 172017 - Paris AFP - © 2018 AFP Je m'abonne Tous les contenus du Point en illimité Vous lisez actuellement Sergio Leone, cinéaste "expérimental et populaire", célébré à la CinémathèqueLesRenoir : tel père, tel fils. Au musée d’Orsay, l’exposition « Renoir père et fils – Peinture et cinéma », du 6 novembre 2018 au 27 janvier 2019, nous présente, en huit sections, l’influence qu’a eu le peintre Auguste Renoir sur son fils le cinéaste. Lui-même ne déclarait-il pas : « J’ai passé ma vie à tenter de "400 tableaux ont été volés à mon grand-père, raconte Anne Sinclair. [...] Une soixantaine d'oeuvres n'ont jamais été retrouvées." H. BOUTET POUR L'EXPRESS Il fait trop chaud pour la séance photo. Anne Sinclair préfère attendre un peu - "Ça ne vous ennuie pas?" Sa maquilleuse va arriver, "juste pour une ou deux retouches..." Elle est belle pourtant, malgré la chaleur, malgré une longue journée, cette femme de plus de 60 ans, choyée puis rudoyée par la vie, et qui vous accueille dans les salons du Pavillon de la Reine, un hôtel parisien avec jardin où elle donne souvent rendez-vous. Dans quelques jours, Anne Sinclair sera à Liège, en Belgique, pour inaugurer au musée de La Boverie une exposition consacrée à Paul Rosenberg. Il fut l'un des plus grands marchands d'art français de l'entre-deux- guerres, ami intime d'Henri Matisse et de Pablo Picasso - qu'il appelait "Pic" -, spolié par les nazis, réfugié aux Etats-Unis pour fuir les persécutions antijuives. Paul Rosenberg était le grand-père d'Anne Sinclair. Elle lui a consacré un livre, 21, rue La Boétie Grasset, qui a donné son nom à l'exposition. Le projet, porté par la société belge spécialisée dans la conception d'événements artistiques Tempora, a demandé presque trois ans de travail. Un jour, Elie Barnavi, historien, "un vieux copain", ancien ambassadeur d'Israël en France, évoque cette idée d'une exposition avec Anne Sinclair. "Je lui ai répondu 'Vous êtes malades! C'est infaisable.' Et puis c'est arrivé, un hommage magnifique." Offre limitée. 2 mois pour 1€ sans engagement Pour la première fois, dit-elle, une exposition évoque à la fois l'art et l'Histoire "Mon grand-père a été au carrefour des deux, d'une part comme marchand, au contact des peintres les plus modernes entre 1910 et 1940, d'autre part comme témoin de ce que le XXe siècle a connu de plus tragique, la Shoah. Très vite après leur arrivée à Paris, en 1940, les nazis débarquent rue La Boétie pour arrêter toute ma famille..." Depuis 1937, Paul Rosenberg a son nom sur leur liste noire il lutte contre le gouvernement allemand, qui vend aux enchères les oeuvres des artistes jugés "dégénérés". "Pas un sou au Reich!" défend-il; son propos devient le mot d'ordre d'un petit groupe qui préfère renoncer à des chefs-d'oeuvre que les acquérir dans ces conditions. Sur la piste des oeuvres voléesSoixante-seize ans plus tard, Anne Sinclair, jouant avec les perles d'un long sautoir couleur turquoise, évoque l'exil à Floirac, près de Bordeaux, l'urgence du départ, les tableaux abandonnés rue La Boétie, ceux que Paul emporte avec lui et ceux qu'il dépose dans un coffre-fort de la Banque nationale pour le commerce et l'industrie de Libourne. "Le coffre a été fracturé, la galerie vidée... Tout ce qui était resté en France a été pillé, à la fois par les nazis et par les Français, qui ont prêté la main. L'ironie macabre de l'Histoire, souligne-t-elle, c'est que le 21, rue La Boétie devient le siège de l'Institut d'étude des questions juives, un organe de propagande antisémite qui dépend directement de la Gestapo..." LIRE AUSSI >> Les tableaux orphelins spoliés par les nazis L'exposition de Liège raconte tout cela la vindicte du Reich contre "l'art dégénéré", le pillage de la culture européenne, la rationalisation du système. "Pour la première fois, insiste Anne Sinclair, on peut suivre le parcours d'une oeuvre volée, puis cachée, puis revendue sous le manteau, parfois acquise en toute bonne foi par des gens qui n'avaient pas conscience d'acheter un bien exproprié; c'est comme ça qu'un musée norvégien s'est retrouvé en possession d'une toile de Matisse [Robe bleue dans un fauteuil ocre] acquise de manière parfaitement légale, mais qui se trouve avoir été volée à mon grand-père, et qu'il a fallu restituer." A la fin de la guerre, Alexandre Rosenberg, le fils de Paul, qui conduit un char dans la 2e DB du général Leclerc, intercepte l'un des derniers trains en partance pour l'Allemagne. A bord, au milieu de 148 caisses de chefs-d'oeuvre, des toiles qui appartiennent à son père... Le cinéaste américain John Frankenheimer en a fait un film, Le Train, avec Burt Lancaster - "un navet intégral!" s'amuse Anne Sinclair. Un extrait est projeté au cours de l'exposition, entre les peintures, les photos, les lettres, aussi, notamment les courriers d'un homme acharné à retrouver ce qui lui a été dérobé et qui s'adresse aux artistes pour leur demander de confirmer l'achat de telle ou telle toile. "400 tableaux ont été volés à mon grand-père, résume Anne Sinclair. Lui-même en a récupéré beaucoup, mais il en reste une soixantaine qui n'ont jamais été retrouvés." Certains réapparaissent au hasard de l'actualité en 2011, la police allemande découvre des centaines de toiles acquises pendant la guerre au domicile de Cornelius Gurlitt, fils d'un marchand d'art de l'Allemagne nazie. Parmi elles, un Matisse, Femme assise, propriété de Paul Rosenberg, finalement restitué à sa famille. Aujourd'hui, la toile est exposée à La Boverie, à Liège. Aux Etats-Unis, Paul Rosenberg ne savait pas ce qui se passait en FranceExposé, aussi, le Portrait de madame Rosenberg et sa fille Micheline la grand-mère et la mère d'Anne Sinclair, peint par Picasso, donné au musée qui porte son nom après le décès de Micheline Rosenberg-Sinclair et que Hermann Goering, l'une des figures emblématiques du IIIe Reich, accrocha chez lui après l'avoir récupéré au musée du Jeu de Paume, à Paris. "Sur l'un des murs de l'exposition, raconte Anne Sinclair, il y a d'ailleurs une immense photo de la salle où étaient entreposées toutes les toiles volées. On y voit des peintures qui viennent directement de la galerie de mon grand-père, alors que lui, aux Etats-Unis, n'a aucune idée de ce qui se passe en France. C'est violent, non?" Paul Rosenberg, déchu de sa nationalité par le gouvernement de Vichy, apatride le temps de la guerre, redevient français à la Libération, mais décide de rester aux Etats-Unis, même s'il ne demandera jamais la nationalité américaine. Il ouvre une galerie à New York, Paul Rosenberg & Co., "pi-ar-enco", prononce Anne Sinclair, souvenir des initiales énoncées en anglais. "De nouveau, dit-elle, mon grand-père est à la fois acteur et témoin du déplacement du marché de l'art européen, du franchissement de l'Atlantique. Il l'a même anticipé, puisqu'il fait ses premiers voyages pour 'évangéliser' les Etats-Unis dès les années 1920. La suite, c'est le départ forcé, la traque..." S'il n'a jamais plus ouvert de galerie en France, Paul Rosenberg a beaucoup donné aux musées français. Qui prêtent aujourd'hui un certain nombre des tableaux exposés à La Boverie Beaubourg, Orsay, Picasso... Les autres viennent de prestigieux musées internationaux - de Berlin, de Philadelphie, de Washington, de Vienne, du MoMA, à New York - et de grandes collections privées, comme celle de David Nahmad; il possède l'une des plus belles collections de Picasso au monde. "J'aurais pu faire ce travail plus tôt, mais ce n'était pas mon truc"Anne Sinclair se définit comme l'"accompagnatrice" de cette exposition. "Tempora a fait tout le travail de recherche identifier et retrouver un peu partout les oeuvres qui avaient appartenu à mon grand-père." Pourquoi Liège? "Ce n'est pas anodin, confirme-t-elle. Le musée de Liège, dans un souci de protection du patrimoine, a acheté des tableaux aux nazis lors de de la fameuse vente de Lucerne, organisée en 1939, pour brader ce qui était considéré à l'époque en Allemagne comme de 'l'art dégénéré'; je vous rappelle que ça allait de Van Gogh aux impressionnistes! C'est la seule partie de l'exposition qui ne concerne pas directement des toiles ayant appartenu à mon grand-père, mais qui a une vocation pédagogique - revenir sur la conception que les nazis avaient de la peinture, et sur ce que ça a provoqué en Europe. Quand l'histoire de l'art cogne avec l'Histoire réelle..." "L'art et la culture permettent de résister à la sauvagerie, à la destruction, aux emballements de tous ordres", soutient Anne PlatiauLongtemps, Anne Sinclair s'est désintéressée de la saga familiale, au grand désespoir de sa mère "J'aurais pu faire ce travail de recherche [pour son livre] plus tôt, mais ce n'était pas mon truc. Je voulais être journaliste, la vie publique me passionnait bien plus que les archives!" D'autant qu'elle n'a pas bien connu son grand-père, mort quand elle avait 11 ans. "Pourtant, moi qui ai peu de mémoire, je me souviens très bien de cet homme très maigre... Je le revois, dans la voiture, alors qu'il m'emmenait visiter les galeries lorsqu'il était à Paris, après avoir beaucoup réfléchi, dire d'un coup 'C'est un faux!' Il avait un oeil très sûr." Pas son truc, donc, le passé, jusqu'au jour où un fonctionnaire zélé demande à cette journaliste reconnue, ex-star du petit écran, à l'époque femme de Dominique Strauss-Kahn, alors directeur général du Fonds monétaire international, de justifier de la nationalité de ses quatre grands-parents pour refaire sa carte d'identité. "Là , se souvient-elle... Le choc! Cette question d'identité m'est devenue très chère." Elle fait le lien entre l'exposition de Liège, qui sera à Paris au printemps, et l'actualité "Ça montre comment l'art et la culture permettent de résister à la sauvagerie, à la destruction, aux emballements de tous ordres et aux dérives de toute nature. L'instrumentalisation actuelle du thème de l'identité me terrifie." Aujourd'hui, Anne Sinclair aspire à une vie "calme et sereine", après avoir connu, ajoute-t-elle comme une évidence, "un certain nombre de tourments". Il y a quelques mois, Manuel Valls lui a proposé d'entrer au gouvernement; elle a refusé "Je ne suis pas une femme politique." Elle hésite, cherche la meilleure façon de formuler ce qu'elle a en tête "J'ai été... sincèrement émue qu'on me le propose." Conclut "Mais ce n'est pas moi. Pas moi du tout." Et elle fait un noeud à son sautoir bleu. Élise Karlin Les plus lus OpinionsLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles PialouxLa chronique de Pierre AssoulinePierre Assouline
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/ Carrefour des arts / Le peintre et l’académicien, Renoir et Rouart Jean-Marie Rouart, de l’Académie française, évoque Pierre-Auguste Renoir Publié le 27 septembre 2009 Jean-Marie Rouart évoque dans son livre Une Jeunesse à l’Ombre de la Lumière ses souvenirs d’enfance avec le peintre Renoir qui a réalisé cinq portraits de sa grand-mère Christine Lerolle. Rencontre avec l’académicien à son domicile qui nous invite dans un cercle d’amis fous de peinture, de littérature et de musique."Dans mon livre Une Jeunesse à l’Ombre de la Lumière, j’ai évoqué mes souvenirs d’enfance au sein de la gens-Manet-Morisot-Rouart et de ses chers amis peintres, Degas et Renoir. Renoir fut un des tuteurs de Julie Manet à la mort de sa mère, Berthe Morisot. Ces fous de peinture ne parlaient que de leur passion commune. Ils s’aimaient et ils aimaient l’élévation en général. La musique et la littérature les attiraient beaucoup aussi. Ernest Chausson et Paul Valéry étaient apparentés à cette famille de génies et Debussy et Mallarmé très proches par le cœur. Pierre-Auguste Renoir Vers 1890-1891 Los Angeles, Los Angeles Museum of Art Josse \/ Leemage Renoir a peint cinq portraits de ma grand-mère Christine Lerolle, jouant du piano ou lisant ou encore brodant, seule ou avec sa sœur, – ces sont ces tableaux-là qui ouvrent l’exposition actuelle du Grand Palais été 2009.Renoir aimait les jeunes filles des familles raffinées des artistes qui lui rappelaient l’aristocratie du XVIIIe siècle. Comme Proust, il était fasciné par l’aristocratie et il n’aimait pas la bourgeoisie du XIXe siècle, un peu obtuse, qui ne s’intéressait pas à l’art. Il adorait le peuple, dont il était issu, comme sa femme. J’ai connu un de ses derniers modèles, Georgette Pigeot, qui était la couturière de ma mère. Elle nous racontait les séances de pose avec la bonhomie, parfois même les gauloiseries, du maître qui aimait la simplicité, le naturel et fuyait le snobisme mondain. Il était un peu sauvage, comme le sont bien souvent les artistes. Degas, lui, était presque misanthrope. J’ai beaucoup apprécié Jean, son fils, le cinéaste. Il a choisi un art complètement différent de la peinture, mais, comme son père il s’est penché sur les plaisirs des traditions populaires en ciblant le naturel du peuple. Il fut fidèle à son père d’une part par sa gentillesse et son côté extraordinairement humain et d’autre part par sa conception de la société. Ce sont les mêmes thèmes qui transparaissent sur l’écran et… avec aussi une touche impressionniste ! Moi, j’ai essayé d’échapper à la destinée mono-maniaque de la famille par l’écriture. Mais je ne peux m’empêcher de replonger parmi ce monde enchanté des génies familiaux. J’ai voulu raconter cet heureux hasard qui m’a fait naître dans un cercle familial si particulier et si n’en tire aucune gloire personnelle, seulement le besoin d’exister par moi-même. Et ma chance fut d’être un écrivain. » Musée d’Orsay, Paris RMN \/ Hervé Lewandowski Cela peut vous intéresser Surcette page, nous sommes postés pour vous CodyCross Le père était peintre, le fils cinéaste réponses, astuces, soluces et solutions. Ce jeu est fait par le développeur Fanatee Inc, qui sauf CodyCross a aussi d’autres jeux merveilleux et déroutants.Un extrait du livre sur le peintre Pierre-Auguste Renoir, mon père » écrit par son fils, Jean Renoir, le cinéaste. Jean Renoir parle de son enfance au collègue et de la relation avec ses camarades de classe. Un extrait qui me réconforte dans ma façon de voir les choses ! Une autre différence qui me séparait de mes condisciples était leur attitude devant les questions sexuelles. La vue de photographies représentant des femmes nues les plongeait dans un état d’excitation incompréhensible pour moi. Ils se les passaient en cachette, s’enfermaient dans les cabinets pour les contempler longuement. Certains se masturbaient furieusement devant ces représentations d’un paradis bien terrestre mais encore lointain. Les bons pères ajoutaient à l’intérêt de ces images en les pourchassant, les confisquant et en punissant leurs détenteurs. Je ne savais que penser. Depuis ma naissance je voyais mon père peindre des femmes nues, et pour moi cette nudité était un état tout naturel. Mon indifférence me valut une réputation de blasé absolument imméritée du fait que le mystère n’existait pas pour moi. J’avais su très jeune que les enfants ne naissent pas dans les choux. J’étais d’une innocence stupéfiante. »Unpère et un fils, un peintre et un cinéaste.» Renoir × 2: cinéma et peinture . 6 et 7 décembre 2012. Auditorium Maxwell-Cummings du MBAM. 1379-A, rue Sherbrooke Ouest. Entrée libre . Il était une fois l’impressionnisme . Jusqu’au 20 janvier 2013. Pavillon Jean-Noël Desmarais du MBAM. 1380, rue Sherbrooke Ouest. mbam.qc.ca
Renoirpère et fils ; Peinture et cinéma • La Nouvelle Chambre Claire. Les promenades dans les herbes du couple Henriette et Henri, joué par Sylvia Bataille et Georges d'Arnoux, renvoient à la toile Chemin montant dans les hautes herbes (1875). D'autres films font écho aux lieux chargés de souvenirs du père et du fils. D'abord c'est le Montmartre de la fin du xix e siècle où Jean
Le Belge Joachim Lafosse Nue propriété, À perdre la raison, L’économie du couple est un scénariste et un cinéaste d’une grande sensibilité, attaché surtout à l’exploration des relations intimes à l’heure où tout se détraque. Son plus récent film, Les intranquilles, en compétition au Festival de Cannes en 2021, creuse la même veine. Cette histoire de couple entre une femme débordée Leïla Bekhti et un mari artiste bipolaire Damien Bonnard, aux côtés de leur petit garçon déstabilisé dans un magnifique coin de campagne luxembourgeoise, éclaire des rapports familiaux en montagnes russes. Son maître d’œuvre expliquait au Devoir s’être inspiré de sa propre enfance auprès d’un père maniaco-dépressif. Celui-ci était un photographe qui travaillait beaucoup avec les peintres et croquait leurs tableaux. À la maison, la peinture, la photo, la lumière jouaient un rôle essentiel. Il y a mêlé une adaptation du roman autobiographique L’intranquille du peintre Gérard Garouste, qui y abordait les questions de maladie mentale. Peut-être parce que j’ai un jumeau, j’ai toujours aimé aborder [le thème de] la famille, déclare le cinéaste, mais c’est la première fois que je raconte une partie de mon enfance. Ma grand-mère aussi était bipolaire. Cette maladie se traite de façon multidisciplinaire. La prise de lithium ne résout pas tout. Petit garçon, j’entendais les querelles de couple. Aujourd’hui, on déstigmatise ce mal, en découvrant à quel point les bipolaires sont des personnes souvent très talentueuses et créatives. Mon père a vu Les intranquilles. Au départ, il m’avait demandé d’essayer de bien exprimer par introspection ce qu’on pouvait faire avec cette maladie. Je n’ai pas voulu être dans le pathos, mais dans l’intimité. » Peut-être parce que j’ai un jumeau, j’ai toujours aimé aborder [le thème de] la famille, mais c’est la première fois que je raconte une partie de mon enfance — Joachim Lafosse Le couple devait d’abord être incarné par le Belge Matthias Schoenaerts Bullhead et l’Italienne Jasmine Trinca La chambre du fils, mais quand la distribution s’est trouvée modifiée, le cinéaste a tenu compte de l’expérience de l’acteur Damien Bonnard, un ancien de l’École des beaux-arts. Du coup, le personnage principal est devenu peintre plutôt que photographe, avec plusieurs scènes de création. On a vu à l’écran tant de grandes biographies de peintres, dont celle de Van Gogh par Pialat. La marche était haute », dit le cinéaste. Mais sa quête ici se trouvait ailleurs. Collégialité sur le plateau Joachim Lafosse s’est projeté dans l’enfant pris en sandwich entre ses parents, tout en pénétrant également la peau du père et de la mère. Celle-ci finit par ne regarder que son homme, ce qui est dramatique. Faute de prise en charge collective, elle est aussi intranquille que son mari. » Le film explore le quotidien de cette famille bouleversée, montrant également à quel point les phases de surexcitation peuvent avoir des aspects exaltants et magiques, pour un créateur en particulier. Le rythme entre les hauts et les bas du père s’est affirmé beaucoup lors du montage. Damien Bonnard l’assure de son côté Le plus difficile à jouer ne fut pas les phases d’euphorie. J’étais alors nourri par l’énergie sans limites de mon personnage, un homme capable d’entourer les autres, de faire rire, de dominer le jeu à sa manière. Ça donne des ailes. Mais la dépression, ces moments à plat m’ont réclamé beaucoup d’efforts. J’avais échangé auparavant avec un psychiatre, rencontré des patients et j’ai un ami bipolaire qui m’avait guidé. Ce film restera en moi comme un truc très fort. » Lui et Leïla Bekhti avaient pris sous leur aile le petit Gabriel Merz Chammah, qui joue l’enfant bousculé, délestant le cinéaste de cette responsabilité. Ce garçon très doué, petit-fils d’Isabelle Huppert, va cristalliser tout dans le film, précise Leïla Bekhti. Sa mère ne se serait pas libérée sans lui. » Joachim Lafosse a adapté certaines scènes aux personnalités des interprètes et aux aléas de la production. Il affiche une grande admiration pour le peintre Piet Raemdonck, dont l’atelier fut transposé sur les lieux du tournage et qui accepta de créer une trentaine de toiles. Damien a passé trois semaines en amont avec lui. Certains tableaux sont peints à deux. Le talent des trois acteurs, leur vitalité étaient contagieux. Ce fut la plus belle expérience de tournage de ma vie. » D’autant plus qu’il a pu, avec son directeur photo, Jean-François Hensgens, travailler au soleil dans la nature, en opposant aux tensions dramatiques un cadre d’une beauté fulgurante, sur fond de lac, de fleurs, de bois et d’une maison de rêve offrant une poésie au film, hors de l’approche clinique de la bipolarité. On a découvert cette maison non habitée qui appartenait à la famille royale du Luxembourg, précise Joachim Lafosse. Pour obtenir les autorisations, je suis passé par la monarchie belge avec l’aide d’amis aristocrates. Puis, j’ai dit à ma décoratrice “Ces murs abritent un peintre et une restauratrice de meubles. Fais un décor comme si tu offrais le meilleur à ta propre maison.” En préparation, Damien y avait élu domicile. » Joachim Lafosse ignorait comment finir son film, et a demandé à ses interprètes de configurer la fin. Ils se sont tournés vers tout ce qu’ils avaient vécu durant le tournage. » La boucle était bouclée. Le long métrage Les intranquilles prend l’affiche au Québec le 20 mai. À voir en vidéo
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